jeudi 7 avril 2016

Conférence de Jean-Philippe Lachaux

comprendre et apprivoiser l’attention

Dans l’Enseignement Catholique la formation autour et avec les neurosciences est régulière. Un travail sur la plasticité cérébrale engagé par Pascale Toscani, Psychologue, poursuivi  par un travail sur les intelligences multiples et ce qu’elles permettent en classe, avec Christian Philibert était au programme depuis 2013. Jean-Philippe Lachaux, directeur de recherche à l’Inserm, au sein du centre de recherche des neurosciences de Lyon a mis le focus sur « l’attention », son sujet de prédilection.


L’Enseignement Catholique d’Alsace compte 34 établissements qui se répartissent de la maternelle au post baccalauréat. De l’enfance à l’âge adulte, l’attention détermine la qualité de la vie, et facilite les apprentissages multiples.  Le jeudi 24 mars à 9h dans la grande salle de l’ENA (Ecole Nationale d’Administration), Martine Hausherr, Directrice Adjointe de l’Enseignement catholique d’Alsace ouvrait la rencontre entre le chercheur, le personnel éducatif, les professeurs, les chefs d’établissement,. La veille, la même rencontre s’est déroulée au Cinéma Méga de Colmar. Au total, 680 personnes ont répondu à l’invitation de l’Enseignement Catholique, et pour Martine Hausherr l’objectif est double : « Nous tenons à donner une culture commune de nos établissements et à faire évoluer les pratiques pédagogiques. Pour cela, par ces conférences, il faut donner envie à toutes nos équipes d’avancer dans la réflexion et la pratique. »

Jean-Philippe Lachaux, auteur de deux ouvrages, « le Cerveau attentif » et « le cerveau funambule », s’appuyait sur son travail et son expérience pour présenter un propos en trois parties. « Je voudrais vous faire comprendre ce qu’est l’attention et à quoi elle sert, quelles sont les forces qui la contraignent (et donc les raisons de la distraction). Je vous partagerais un ensemble de bonnes pratiques issues des neurosciences à travers le programme ATOL (ATTention à l’écOLe : ateliers d’apprentissage de l’attention déduits des neurosciences cognitives).

L'attention couplage entre l'enseignant et l'enseigné 

L’attention sert à la mémorisation de travail, à la lecture. Concrètement, les neurosciences grâce aux IRM arrivent à situer quelle partie du cerveau se met en activité. Avec l’attention on découvre un envahissement du lobe frontal qui permet compréhension, mémoire de travail et prise de décision. Avec l’attention, la  réaction du cerveau se prolonge. Passant par l’exemple, Jean-Philippe Lachaux cite la loi de Donald Hebb (psychologue canadien) : « qui se ressemble s’assemble (les neurones par des connections neuronales), et qui s’assemblent se ressemblent. » Prenant le mot allemand « Trinken », il explique toute l’activité neuronale qu’il engage, faisant lien avec le mot, le son, le geste de boire, voir quelqu’un qui en face de soi boit, la prononciation…
Les liens neuronaux, et l’activité cérébrale permettent de bien intégrer le mot trincken.

L’attention n’est pas évidente car elle sollicite une notion d’invasion. Celui qui est attentif accepte de donner quelque chose qui est gratuit pour soi mais qui est très précieux. L’attention est couplage entre enseignant et enseigné. « L’attention est une sorte de couplage, de danse entre plusieurs partenaires.» L’attention est connexion. On ne peut pas être connecté à tout à la fois. Il faut se déconnecter pour pouvoir se connecter.

Trois grandes forces stabilisent et déstabilisent régulièrement notre attention. Le regard de l’homme se déplace sans cesse et en 10èmes de seconde. Le cerveau va identifier les zones d’intérêt et créer une carte de priorités. Des neurones vont alerter les neurones voisins qui font bouger les yeux. On ne peut pas être en contrôle total de notre attention. Un système de force est lié à l’habitude, un autre à la récompense et un dernier au reconditionnement déterminant l’attention.

 La vrai liberté c'est maîtriser son attention

Il existe des situations d’attention naturelles très agréables, mais l’homme n’est pas tout puissant face à son attention. « Le cerveau a tendance à obéir aveuglément à son environnement : il est prédictible. C’est le « mode marionnette ». On a l’impression d’être libre. Une vrai liberté au contraire, c’est maitriser son attention. La nouveauté et l’information  stimulent quant à eux le  circuit de récompense. Un des enjeux de l’école est d’étendre la zone d’attention des élèves, les mettre à l’aise dans toutes les situations et développer la  résistance à la distraction.
Jean-Philippe Lachaux donne enfin un aperçu du programme ATOL qui propose une vingtaine de séances d’une heure complètement décrites pouvant s’intégrer pleinement dans le cursus scolaire.




Dans le même domaine, l’Enseignement Catholique proposera prochainement à ses enseignants d’autres formations. Mme Véronique Pointereau, pilote du laboratoire pédagogique invite à une journée animée par Christian Philibert  sur le thème : "Les intelligences multiples au cœur des apprentissages".

Jean THOMAS

Bibliographie :
-       Jean-Philippe LACHAUX, le cerveau funambule, comprendre et apprivoiser son attention grâce aux neurosciences, éditions Odile Jacob sciences, décembre 2015
-       Jean-Philippe LACHAUX, le Cerveau attentif, Contrôle, maîtrise et lâcher-prise, éditions Odile Jacob poches sciences, janvier 2016





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