mercredi 22 avril 2015

Cinquième université de printemps de l’Enseignement catholique d’Alsace (3/3)


Christian Philibert, pédagogue des intelligences multiples

 Travailler avec ses intelligences multiples

Pour la cinquième année consécutive, le séminaire de jeunes de Walbourg a accueilli l’université de printemps sur le thème des intelligences multiples. Plus de cent personnes, chef d’établissements, enseignants éducateurs et parents ont répondu à l’invitation du laboratoire pédagogique de l’Enseignement catholique Alsacien (*).

Patrick Wolff, directeur diocésain ouvre l'université de printemps
Samedi 11 avril 2015 à 10h, Patrick Wolff  le directeur diocésain de l’école catholique a ouvert ces deux journées de travail, félicitant les inscrits de venir de prendre du temps sur leur temps libre, saluant les membres du laboratoire pédagogique qui ont porté ce projet ainsi que le Chanoine François Geissler, représentant de l’Eglise d’Alsace. « Je suis très heureux de ce que nous allons vivre durant cette université. Elle rassemble des chefs d’établissement, des enseignants, des personnels et des parents. Elle est dans la logique du statut de l’enseignement catholique, puisque tout le monde participe à la mission d’éducation. » Il a ensuite remercié Christian Philibert, spécialiste des intelligences multiples, au service de la pédagogie et de la classe. Ancien professeur de lettre, formateur de l’enseignement catholique, venu d’Angers, ce dernier sillonne la France, s’expatrie régulièrement au Canada et en Finlande pour travailler à l’école du futur.


Durant les deux journées, il a proposé trois conférences. Une première sur la question des intelligences multiples, une deuxième reprenant les éléments nouveaux des neurosciences, une dernière enfin précisant comment il était possible d’utiliser les progrès des neurosciences au cœur de la classe, illustrant ses propos par de nombreuses expérimentations.

Notre cerveau se modifie sans cesse…
Lors de l’université de printemps 2012, c’est sa collègue Pascale Toscani, psychologue et chercheuse qui avait posé les bases de cette réflexion. Les concepts de plasticité cérébrale, de neurogénèse et de synaptogénèse sont rappelés, les neuromythes évoqués.

Pour entrer dans le vif du sujet, un exercice a permis à chaque participant de tester ses  huit intelligences. Le test n’a rien de scientifique, et l’objectif n’est pas de coller des étiquettes à chacun, mais de faire une photo du moment.
Tester ses intelligences multiples pour trouver ses points d'appui
« On parlait toujours de profil d’apprentissage, on disait : on est né comme ça. Nos cellules se renouvellent continuellement, mais les organes poursuivent leur programme. Pour le cerveau, c’est différent. L’homme a 180 milliards de neurones au départ. Il va en perdre (élagage), c’est cela qui fait nos différences. Au court de sa vie, l’homme va aussi fabriquer des neurones en fonction de ses besoins. Il fabriquera des connections neuronales, quand elles sont créées, le cerveau ne fonctionne plus comme avant… Cela nous permet de dire que la logique des programmes scolaires est totalement inappropriée. Le travail par objectif est adapté aux récentes connaissances du cerveau. » L’homme dispose donc de huit formes d’intelligence (linguistique – logicomathématiques – visuelle et spatiale – corporelle et Kinesthésiques – musicale – naturaliste – interpersonnelles – intra-personnelles). Christian Philibert qui s’appuie sur les travaux de Howard Gardner insiste : «Tout le monde possède ces huit intelligences, et chacun peut les développer. Les intelligences fonctionnent en corrélation et il y a de nombreuses manières d’être intelligent dans chaque catégorie. » Il précise encore que les tests de QI ont peu de valeur, ne testant que deux des intelligences.

Il a illustré les huit intelligences, avec des exemples d’activités, vécues dans différentes classes.
Dans une deuxième conférence, après un temps de forum, qui a permis à quatre établissements alsaciens de présenter une expérience dans le domaine, Christian a proposé des démarches possibles en classe.


Ce qui est possible en classe
Christian Philibert a rappelé que pour tester les connaissances, le stress n’apporte rien. L’interrogation « surprise » n’a donc aucune utilité. S’appuyant sur des exemples comme  le Canada, la Finlande, mais aussi le collège Saint Charles à Angers qui est en expérimentation autour des neurosciences, il a partagé un changement de posture. La classe traditionnelle, avec le professeur face aux élèves évolue vers une classe à îlots, où le professeur favorise des démarches coopératives. Pour les mathématiques comme pour d’autres matières, cela fonctionne très bien. Les élèves sont actifs, cogitent, et souvent le frein de l’un dans une démarche de recherche est déverrouillé par la méthode d’un autre camarade.

De manière immédiate et n’imposant pas une révolution, les intelligences multiples permettent de différencier les facettes de l’apprentissage. L’enseignant peut observer son propre fonctionnement, pointer ses intelligences dominantes, prendre conscience qu’elles peuvent être des points d’appui pour enseigner.  Il observe également le fonctionnement de chaque élève. Citant Olivier Houde, il souligne l’importance de faire émerger des représentations et donne l’exemple des «mind-map» ou cartes heuristiques. Le savoir se construit de façon didactique, et l’utilisation de plusieurs intelligences gagne en efficacité. Quand un enseignement est distribué, il faut inventer des feed-back sous différentes formes. Le propos était illustré par de nombreux et riches exemples.

Le travail sur les erreurs est primordial, car apprendre, c’est aussi résister à des réponses instinctives.

Apprendre ou résister ?
Le dimanche, avant une table ronde qui a permis de partager différentes mises en œuvres, il a poursuivi le travail en parlant de  l’inhibition cognitive. « Réfléchir, c’est résister à soi-même » disait-il encore en citant Olivier Houdé. Quant un élève a appris quelque chose, et que 15 jours plus tard il a oublié, c’est qu’il a juste oublié d’inhiber la première représentation qu’il avait sur le sujet. La première réponse est souvent instinctive. L’apprentissage permet une deuxième réponse. Il faut résister pour ne pas revenir à la première réponse.
Dans la consolidation des apprentissages le sommeil joue un rôle inattendu. Le cerveau travaille pendant le sommeil. Il met en ordre les nouveautés enregistrées.


Pour les participants, cette université de printemps était nourrissante, passionnante, et à revisiter. Le laboratoire pédagogique proposera dès l’année prochaine une suite dans cet énorme chantier. La direction diocésaine et heureuse de compter cette dynamique pédagogique au sein de ses rangs.
La sixième université de printemps est annoncée. Elle aura lieu les 23 et 24 avril 2016. Le sujet sera celui de la morale à l’école. L’enseignement Catholique a déjà fait tout un travail dans ce domaine.

Jean THOMAS



(*) Pour l’organisation de ces journées de printemps, une partie du laboratoire pédagogique était active : Martine Hausherr de la DDEC (Direction Diocésaine de l'Enseignement Catholique d'Alsace), Véronique Pointereau, chef d’établissement du séminaire de jeunes, pilote du laboratoire, Olivier Thomas, chef d’établissement du collège Saint André à Colmar, Dominique Bérion, chef d’établissement au lycée professionnel de Carspach et Anne Ehret, chef d’établissement du collège Sainte Marie à Ribeauvillé.

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