jeudi 2 avril 2015

pastorale du tourisme


En route pour la potée du jeudi saint


La fête de Pâques est un pilier dans le calendrier liturgique chrétien. Au moment où la nature renaît, l’Eglise fête la résurrection du fils de Dieu. De nombreuses traditions sont associées à cette fête. Martine Hetzel, dans le cadre de la pastorale du tourisme du diocèse de Strasbourg a fait redécouvrir l’une d’elle liée au jeudi saint.

Devant l’abbatiale de Walbourg rendez-vous était donné pour une visite de l’abbatiale, et surtout pour une ballade en  forêt permettant de découvrir les ingrédients du « Ninkrittermües », la potée aux 9 herbes sauvages.

Samedi 28 mars 2015, une quarantaine de personnes avaient répondu à l’invitation de Martine Hetzel, auteur du petit ouvrage, initié par la pastorale du tourisme de l’Eglise d’Alsace.
Avant de prendre les sentiers, Martine pose le décor. « Le temps qui prépare la fête de Pâques, le carême – quarante jours- est un temps de conversion qui s’ouvre le mercredi des cendres, et culmine dans la semaine qui précède Pâques, la semaine sainte. Celle-ci commence avec le dimanche des rameaux, et inclut le jeudi saint, (célébration de l’institution de la messe et du sacerdoce du Christ ) et le vendredi saint (célébration de la passion du Christ et de sa mort sur la croix) et s’achève avec la veillée pascale pendant la nuit du Samedi Saint au dimanche de Pâques. »

Par cette période faite de renoncement et de joie, le Chrétien est en quête d’une renaissance spirituelle, d’une conversion. Il tient à se détacher de tout ce qui le lie, à retrouver une liberté nouvelle. Différentes traditions l’amènent à faire le ménage. On parle du « Osterputz » (le ménage de printemps, ou de Pâques), mais aussi du Osterputz corporel. Pour ce dernier, un plat est apparu dans la tradition populaire au 12ème siècle, une cuisine aux herbes sauvages. Cette tradition existe toujours. Le matin du jeudi saint, le cuisinier fait le tour de son jardin, en rapporte les dernier légumes d’hiver, poireau chou… puis  fait le tour de la maison et y cueille les premières pousses d’orties, les dernières larges feuilles de pissenlit. A la lisière de la forêt on rajoute l’ail d’ours, l’herbe aux goutteux, quelques brins de lierre terrestre, des jeunes feuilles de groseilliers ou de sureau, et on en arrive bientôt aux neuf herbes qui composeront la potée de couleurs bien verte.

Venus de différentes villes ou villages (Soufflenheim, Ingwiller, Haguenau, Brumath, Griesbach, Walbourg…) les curieux de cette tradition ancestrale, ont suivie en forêt un chemin que le garde forestier local, Philippe Caspar leur avait indiqué. Ils ont ramassé des échantillons de chacune de ces herbes, mais pas encore en quantité suffisante, car les frimas de la météo, on ralenti leur croissance. Dans tous les cas, chacun saura reconnaître, grâce aux explications botaniques de Martine,  ces ingrédients et partir dès ce matin à la cueillette pour vivre ce « Griendonnersdà » (traduit par jeudi vert). 

L’origine du mot est incertaine, elle n’est pas forcément liée à la couleur du potage, ni de la liturgie, mais peut être à l’étymologie allemande « greinen » signifiant gémir. A la veille du vendredi saint ce met parfois très parfumé, peut aussi sembler amer, poussant au gémissement. On entre ainsi dans les souffrances du vendredi saint et de la passion du Christ. 
Cette potée reste dans tous les cas très saine pour le nettoyage du foie et de la bile. Mais attention : «Cueillir des plantes pour les consommer, c’est comme cueillir des champignons. Il faut bien les connaître, sous peine de vivre de désagréables mésaventures, car des confusions sont possibles. »
Après la ballade bucolique, avec les explications passionnées et passionnantes de Martine Hetzel, chacun a pu déguster la potée qu’elle avait préparée avec son équipe. C’est dans l’abbatiale de Walbourg que Jean-Louis Kopf et Alphonse Timmel rapportent quelques pages d’histoire et invitent à nourrir la foi avec le vitrail central de l’abbatiale présentant un chemin de croix du 15ème siècle.



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