mardi 25 mars 2014

Palmes académiques: les discours 2/2

Le discours de M. Patrick WOLFF

Remise des palmes académiques - Mont Ste Odile, le 14 mars 2014

Monseigneur, Monsieur le Secrétaire général, chers amis,
Permettez-moi de saluer tout particulièrement Monsieur Martin Bruder, Président de l’AMOPA, l’association des membres de l’ordre des palmes académiques, mon président, ce soir. Merci, Aimé !
Je ne sais pas si je mérite cette distinction, mais je sais à qui je la dois ! Permettez-moi donc tout d’abord de dire merci à toutes ces personnes et institutions, sans lesquelles nous n’aurions rien à fêter aujourd’hui. Je le ferai dans un ordre chronologique, celui dans lequel je les ai rencontrées.

Je commencerai bien sûr par ma famille. Quand je dis famille, je pense évidemment à mes parents, mais aussi à mes grands-parents, mes oncles et tantes … Un proverbe africain dit qu’il faut tout un village pour éduquer un enfant, je confirme, ça s’est passé comme ça pour moi. Mes parents, Germaine et Alphonse (de beaux prénoms, n’est-ce pas ?), ont été les premiers à m’inculquer le respect de l’autre, ils m’ont transmis le sens de l’accueil, de la convivialité, mais aussi le sens du devoir, du travail bien fait et de l’engagement. Je leur dis merci à tous les deux, à ma mère, qui est là ce soir, et à mon père, dont l’état de santé ne le permet pas. J’ai une pensée toute particulière pour lui. Je ne sais pas si on peut transmettre la foi, mais mes parents ont tout fait pour que cette grâce nous soit donnée, à moi, ainsi qu’à ma sœur et mes deux frères. Et tant pis, si vous vous êtes couchés à 3h du matin, à Woerth, le dimanche à 9h15, on allait à la messe ! 
Ce qu’il y a de bon en moi, je le dois sans aucun doute à mes parents et à l’école qu’ils ont choisie pour moi, le Séminaire de Jeunes de Walbourg. J’ai pu, 25 ans avant les Assises de l’Enseignement catholique, y expérimenter leur message. J’y ai rencontré des éducateurs pour qui j’étais une personne, avant d’être un élève. Certains d’entre eux sont ici ce soir. Je leur serai éternellement reconnaissant. Je ne peux pas citer tous mes maîtres, mais il y en a un que je ne peux pas ne pas évoquer, il s’agit bien sûr du Père Auer. A plusieurs reprises, il m’a aidé à discerner le chemin à prendre. J’ai également eu l’honneur redoutable de lui succéder … 
Mais avant cela, j’ai dû faire le difficile apprentissage du métier d’enseignant, puis de chef d’établissement. Merci à toutes celles et tous ceux, élèves et collègues, qui ont dû me supporter à Blotzheim et à Walbourg ! Merci aux équipes avec lesquelles j’ai travaillé : personnels enseignants, éducatifs, administratifs et de service, merci à mes assistantes, adjoints, aumôniers, économes et gestionnaires … Ces palmes, vous les méritez autant que moi. J’ai profondément aimé le métier de chef d’établissement, même si je ne l’ai pas toujours, sans doute pas assez, montré. C’est le plus beau des métiers, après celui de chef d’orchestre, évidemment ! C’est aussi un métier difficile, parfois cruel, mais ça, je n’en parlerai pas ce soir. Diriger une école catholique est une mission que confie l’Eglise par l’intermédiaire d’une tutelle ; pour moi, c’est la plus belle forme de ministère confié à des laïcs. Chers amis chefs d’établissement, vous avez raison d’être fiers de votre mission ; vivez-la passionnément comme la grande aventure qu’elle est !
J’en arrive enfin à ma mission actuelle, celle de Directeur diocésain de l’Enseignement catholique d’Alsace. On comprend qu’on préfère nous appeler DD, même si c’est moins élégant. Cette mission qui est la mienne actuellement, je n’en parlerai pas, j’y suis trop engagé pour la voir avec le recul nécessaire. Par contre, je veux dire merci à toutes celles et à tous ceux qui m’aident à en satisfaire les exigences. En tout premier lieu, à vous, Monseigneur, ou plutôt, Messeigneurs. Merci à Mgr Doré, qui m’a nommé et à Mgr Grallet, qui a renouvelé ma mission. Merci, Monseigneur, pour votre confiance. Celle-ci se manifeste aussi dans la liberté que vous me laissez dans l’exercice de mon ministère. Je m’efforce d’en être digne ; sachez que j’ai pleinement conscience de n’être que votre délégué, mais aussi d’avoir le privilège et la lourde responsabilité de vous représenter. C’est cela qu’exprime le statut de l’Enseignement catholique lorsqu’il précise notre mission en nous appelant «délégué épiscopal ».  Merci, bien sûr, à Mgr Kratz, qui m’a accompagné pendant presque 8 ans et à Mgr Dollmann, qui le fait aujourd’hui - Vous leur direz, svp, Christine, que j’ai pensé à eux. Merci aussi à François Geissler, lui aussi Délégué épiscopal, qui m’accompagne parfois sur des chemins escarpés. 
Merci, très grand merci, à l’équipe de la Direction diocésaine, Martine, Sonia, Isabelle, Sandrine, Michel, Jean-Yves. Merci à Jeanine, adjointe émérite, mais toujours jeune, merci à Christophe. Merci aussi à l’équipe des jeunes retraités bénévoles qui nous prêtent main forte ! 
Merci à Françoise Gross, que j’ai un jour présenté comme ma copine Françoise. Elle est surtout une amie fidèle, dévouée à ses établissements, à sa congrégation, mais aussi à l’Enseignement catholique, à travers une mission qu’elle vit dans l’exigence et le don.  
Merci à toutes celles, tous ceux avec qui et pour qui nous travaillons : les tutelles, notre conseil de tutelle, les chefs d’établissement et leurs équipes, le CODIEC, la CAE, les aumôniers, les APS, les gestionnaires et leurs conseils d’administration, les parents (une pensée pour Carine Courtois-Delacroix, présidente académique, qui vient de perdre son beau-père). Merci aux syndicats de personnels (je salue Luc Viehé, mon ancien frère d’armes), merci également aux personnels de Formiris et bien sûr à l’ISFEC Alsace Lorraine et à sa directrice, Patricia. Merci aux personnes qui travaillent avec, pour et autour de nous au Grand Séminaire et à l’Archevêché. 
Merci à nos partenaires, dont beaucoup sont ici ce soir : les autres réseaux confessionnels (merci à Jean-Pierre Perrin, qui représente le réseau protestant), le rectorat, nos deux Conseils généraux (je salue Monsieur Cisilino), mention spéciale à la Région Alsace représentée par son Directeur Général des Services, Monsieur Bouchard, et Mmes Baque et Zimmerlin. Merci à nos amis de l’Enseignement catholique de Bavière (grüss Dich, Herbert) et à tous ceux qui permettent à nos élèves de rencontrer d’autres jeunes européens et de contribuer ainsi à la fraternité entre les peuples. Merci aussi à ceux qui, par leur engagement politique, s’investissent pour l’Europe ; M. Daul, Mme Sander, je suis touché par votre présence ce soir.
Merci, bien sûr à notre secrétaire général ainsi qu’à Claude Berruer et Patrice Mougeot. Au-delà de l’amitié qui nous unit au service de l’Enseignement catholique, votre présence nous rappelle que nous faisons partie d’une institution qui nous porte et que nous portons. Dans L’Enseignement catholique, aucune structure, aucune organisation, aussi importante soit-elle, ne se suffit à elle-même, et en même temps, chaque élément du réseau est important, c’est vrai dans l’établissement, dans le diocèse et au niveau national. Chacun à sa juste place contribue à la mission éducative que nous confie l’Eglise. Vous en êtes le signe ce soir. Il est vrai que mon engagement au service de l’Assemblée des Directeurs diocésains demande un effort à notre diocèse, surtout à l’équipe de la DDEC, qui, même si elle est « maousse kosto », souffre quand même d’être « rikiki». Cet effort est en partie récompensé par la qualité du service offert par le secrétariat général, auquel je voudrais rendre hommage ce soir. L’aide que nous offre Claude Berruer cette année pour la session diocésaine et l’université de printemps en est un exemple particulièrement éloquent. Personnellement, je voudrais dire ma fierté de pouvoir travailler (un tout petit peu) avec vous, Monsieur le secrétaire général, et votre équipe. Vous pilotez notre institution dans un réel et sincère esprit de service, avec compétence, générosité et courage. Et Dieu sait, s’il en faut actuellement ! Bon, j’arrête, car je vois ricaner ceux qui trouvent que je suis trop souvent à Paris et sourire ceux qui pensent que je n’y vais pas assez …
Il me reste un dernier merci à exprimer, peut-être le plus grand. Elle m’a dit qu’il n’était pas nécessaire de sacrifier à la tradition qui veut qu’on remercie la pauvre épouse délaissée de permettre à son mari de faire toutes les grandes choses qu’on lui prête à ces occasions-là. Isabelle, je ne ferai donc pas comme on fait d’habitude à ces occasions-là. Je te dis seulement merci pour la promesse que tu m’as faite et que tu n’as jamais trahie, tu sais « pour le meilleur et pour le pire ». Merci d’avoir été à mes côtés partout où ma mission m’a mené et où elle me mènera encore. Tout le monde sait que de nous deux, le plus fort, c’est toi, et tant pis, si le genre et surtout son stéréotype ne sont pas respectés. Merci, donc, à toi et aussi aux garçons, qui nous font parfois des cheveux blancs, mais qui nous aident à ne pas vieillir trop vite …

Après les remerciements, permettez que je dise quelques mots sur le sens que je voudrais donner à cet événement. 
Lorsqu’un chef d’établissement reçoit les palmes académiques, j’ai l’habitude de dire que tout l’établissement est honoré. En toute logique, quand un Directeur diocésain les reçoit, il partage cet honneur avec tout l’Enseignement catholique du diocèse. Ces palmes sont donc les nôtres, cette fête est aussi la vôtre.

Ce qui est également mis à l’honneur dans ces circonstances, c’est le contrat signé avec l’Etat par chaque établissement. D’ailleurs, ici, dans notre belle Alsace, le Directeur diocésain est un des signataires des avenants pour tous les établissements catholiques d’enseignement. Du temps de Jean-Robert Kohler, que je salue fraternellement au passage, c’était même le lui seul qui signait les avenants, mais bon, c’était une autre époque, avec d’autres personnes ... Par ailleurs, je rappelle souvent à nos partenaires du rectorat et des collectivités, que nous ne sommes pas l’Enseignement privé, mais l’Enseignement associé. A mon avis, le contrat d’association est une chance. Je sais qu’il est parfois critiqué, il nous empêcherait d’être vraiment libre, vraiment nous-mêmes, voire d’être vraiment catholiques. Je ne le pense pas. Pascal Balmand nous a rappelé dès le début de son mandat que ce n’était pas la loi Debré qui nous oblige à être ouverts à tous, mais le fait que nous sommes catholiques. J’essaye de le citer de mémoire : « ce n’est pas la loi qui nous oblige à être ouverts à tous, c’est parce que nous sommes catholiques, donc ouverts à tous, que nous pouvons signer un contrat avec l’Etat » (fin de la citation … approximative). Merci, Pascal, de nous avoir dit les choses aussi clairement. Bien sûr que le respect du contrat n’est pas toujours facile, bien sûr qu’il faut parfois se battre pour que notre liberté soit respectée tout comme nos droits. Bien sûr que la parité demande une vigilance constante. Mais le contrat nous permet de scolariser en France deux millions d’élèves, en Alsace 29 000 ! Mieux, il donne aux deux millions d’enfants et de jeunes scolarisés dans nos établissements l’occasion de rencontrer le Christ, tout en bénéficiant d’un enseignement qui leur permet de multiples réussites et de grandir en humanité. Le contrat avec l’Etat nous pousse aussi au dialogue avec le monde et nous ouvre ainsi à une altérité. A nous, de ne pas vivre l’association au service public d’éducation comme un mal nécessaire, mais comme un choix lucide, assumé et responsable. Notre projet diocésain nous rappelle « qu’à travers ses trente-deux établissements scolaires (aujourd’hui 33 avec l’ECAM Strasbourg Europe), l’Eglise catholique d’Alsace se met au service des jeunes et de leurs familles » ; le statut de l’Enseignement catholique parle lui de la « contribution éducative de l’Eglise ». C’est dans cet esprit que je reçois les palmes académiques avec fierté.
Evidemment, il convient de préciser ce que signifie « ouvert à tous », ce n’est pas un synonyme « d’accueillir tout le monde ». Il reste une place importante à la liberté, celle des familles, celle des équipes éducatives et du chef d’établissement. Nous avons la volonté d’accueillir tous ceux qui veulent sincèrement venir chez nous, dans le respect de notre proposition éducative et de nos convictions. Il est vrai aussi que l’ouverture à tous n’est pas possible si nous n’en avons pas les moyens, les moyens d’enseignement et les moyens financiers. Il est urgent de réfléchir avec les collectivités à la possibilité et aux modalités de la mise en place d’un forfait pour la demi-pension et pour l’internat … quand les finances publiques iront mieux, comme de bien entendu … 
Pour que l’association au service public d’éducation ait du sens, il faut que nos établissements aient une spécificité, qu’ils proposent un apport original. Les mots « accueil » et « accompagnement » en sont un, et ils sont pour moi indispensables. Un établissement catholique d’enseignement est une école que les familles ont choisie, où l’enfant n’est pas affecté, mais accueilli. Cette logique ne vaut pas seulement pour les élèves, mais aussi pour les personnels et les parents. Nous le constatons régulièrement lors des visites de tutelles : dans nos écoles, les personnes se sentent accueillies et accompagnées. C’est essentiel pour que la réalité vécue soit en accord avec les intentions exprimées dans nos projets.
Ces projets, projets éducatifs et pastoraux, souhaitent que nos établissements catholiques d’enseignement soient pleinement des lieux d’Eglise, signes de vie. Nous vivons une période difficile à plus d’un titre, mais ne la compliquons pas d’avantage. Ne perdons pas d’énergie à lutter contre, mais engageons-nous pour ! Nous souffrons parfois d’un manque d’espérance. Moi aussi. Aidons-nous les uns les autres à choisir la confiance, confiance en nous et dans les autres, surtout les jeunes. C’est ce que nous pouvons leur offrir de plus précieux, c’est ce que je leur souhaite, ce que je nous souhaite.  
Des établissements qui sont réellement des lieux d’Eglise, signes de vie, en témoignent par une fraternité vécue. Merci à nos trente-trois écoles catholiques d’Alsace de vouloir former un réseau uni, solidaire et cohérent. C’était le sens que voulait donner le projet diocésain proclamé en septembre 2009 par Mgr Grallet. Le travail n’est pas encore achevé, même si, là-aussi, il faut voir les pas que nous faisons plutôt que ceux qui restent à faire. J’encourage les chefs d’établissement, mais aussi les gestionnaires et les tutelles, ainsi que chaque membre de chaque communauté éducative à se sentir reliés dans un réseau diocésain dynamique et généreux, lui-même en communion avec l’Enseignement catholique national.

Pour terminer, j’aimerais vous inviter à lever les yeux vers le Seigneur, et je demande à Wolfgang Amadeus Mozart de nous y aider. Vous entendrez quelques minutes du Laudamus te des Vêpres solennelles d’un confesseur. Il représente pour moi bien plus qu’une musique merveilleuse, une des plus belles prières que je connaisse. Peut-être le sera-t-il pour vous-aussi …         
Patrick Wolff

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire