jeudi 26 mars 2015

St Joseph: Homélie du Père Kling

agissez pour toujours plus de paix et de fraternité 

Le père Jean-Yves Kling, Adjoint Diocésain de la Pastorale pour l'enseignement catholique d'Alsace a fait l'homélie lors de la messe de la Saint Joseph. Vous trouvez ci-après le texte qui pourra être l'occasion de méditation...

Qu’as-tu fait de ton frère ? 


Qu’as-tu fait de ton frère ? Cette parole de Dieu lui-même adressée à Caïn après qu’il eut tué son frère Abel, sert de fil rouge à cette année scolaire au séminaire des jeunes de Walbourg. Tout au long de la matinée, vous avez pu rencontrer des témoins qui ont pu décliner cette question à partir de leur expérience de vie. Permettez que ce soit cette même question qui me serve de fil rouge pour relire avec vous les textes retenus pour cette célébration, au cours de laquelle 5 jeunes feront profession de foi et 5 autres recevront le sacrement de la confirmation. 

Qu’as-tu fait de ton frère ? Cette question, nous pouvons la poser à Jésus lui-même après avoir entendu l’Evangile de cette fête de saint Joseph. D’ailleurs, n’est-ce pas cette même question que Marie, sa mère, lui pose quand, après trois jours de recherche et d’angoisse, elle arrive enfin à remettre la main sur son cher petit. Pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! Nous nous rendons compte que les bonnes intentions peuvent quelquefois faire bien du mal autour de nous. Et le fait que Jésus soit resté au Temple, avec les docteurs de la Loi pour parler de religion, n’est pas fait pour nous rassurer. Jésus lui-même apprendra, environ vingt ans plus tard, qu’au Temple, il n’y a pas que des gens fréquentables : peut-être même que parmi ceux qui s’extasient sur son intelligence, il y a déjà ceux qui vociféreront contre lui et le condamneront ! Marie a bien raison d’être inquiète ; elle a bien raison de questionner Jésus : qu’as-tu fait de ton frère ?, c’est-à-dire de ton père et moi ? 
Qu’as-tu fait de ton frère ? Cette question, nous pouvons la poser aussi à l'Esprit Saint en constatant la transformation des Apôtres au jour de la Pentecôte. Vous connaissez le contexte. Jésus est mort ; il est ressuscité ; il est apparu plusieurs fois à ces disciples, avant de retourner vers son Père en leur demandant d’attendre le don de l'Esprit Saint. Et voici que, le cinquantième jour après Pâques, les Apôtres se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain, il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent... Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l'Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. Ceux qui étaient à Jérusalem disaient : comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? Esprit, qu’as-tu fait de tes frères ? Quand l'Esprit Saint est donné, il change profondément la nature de celui qui le reçoit. Les Apôtres qui, il y a un instant, pouvaient encore se sentir seul et peureux après le départ de leur ami et Maître, ouvrent portes et fenêtres pour annoncer les merveilles de Dieu. En faisant ainsi, ils ouvrent les cœurs de ceux qui les écoutent ; la foi en Jésus, mort et ressuscité pour notre vie, peut se répandre, être accueillie et transformer le monde en mieux. 
Qu’as-tu fait de ton frère ? Voici une question que nous pouvons adresser à Luc, Victor, Romain, Thomas et Tristan qui vont faire profession de foi, ainsi qu’à Morgane, Emilie, Edythe, Gautier et Julian qui demandent à recevoir le sacrement de la Confirmation. En faisant profession de foi ou en accueillant le don de l'Esprit Saint, vos camarades ne font pas quelque chose pour eux, ni pour Dieu d’ailleurs : ils font quelque chose pour nous : ils nous disent d’abord leur courage d’oser un geste croyant dans un monde qui ne croit pas plus vraiment ; ils nous disent ensuite la beauté de croire, que cela vaut la peine encore aujourd’hui, de s’engager à suivre Jésus, de toujours mieux le connaître et d’entrer en alliance avec lui. Leur profession de foi et leur confirmation nous concernent et nous renvoient à notre propre foi. Que nous soyons chrétiens ou non, nous ne pouvons qu’être questionnés par leur démarche. Avons-nous encore ce courage de croire ? Avons-nous encore le courage de témoigner publiquement ? Ou avons-nous fait de la foi quelque chose de si personnelle et privée qu’elle ne change plus rien, et surtout pas ce monde qui aurait tant besoin d’hommes et de femmes de conviction, d’hommes et de femmes qui s’engagent à le transformer pour qu’il devienne plus humain, donc plus à l’image et à la ressemblance du monde voulu par Dieu ? A ces dix jeunes, nous devons tous reconnaissance pour ce qu’ils font pour nous en témoignant ainsi de Celui qui les fait vivre. 
Qu’as-tu fait de ton frère ? Après avoir posé cette question à Jésus, à l'Esprit Saint, à ceux qui font profession de foi et à ceux qui vont recevoir le sacrement de la Confirmation, il reste une personne à qui poser cette question. Et cette personne, c’est chacun de nous tant il est vrai que le premier frère dont nous avons à prendre soin, c’est nous. Et nous comprenons alors que nous n’aurons jamais fini de répondre à cette question parce que notre foi en Dieu doit d’abord être un art de vivre qui permette à tous de faire la rencontre du Christ ; un art de vivre qui donne envie de croire et de s’engager pour un monde meilleur ; un art de vivre qui donne à voir ce qu’est la sainteté que Dieu nous offre. 
Vous qui êtes rassemblés ici, que vous appeliez Dieu YHWH, Allah ou Père de Jésus Christ, que toujours il soit Dieu qui aime l’homme, tout homme. Vous qui êtes rassemblés ici, que vous soyez croyants ou que Dieu reste pour vous une énigme, agissez toujours dans le sens de plus de paix, plus de fraternité. Vous saurez ainsi toujours rendre compte de votre espérance, lorsqu’on vous interrogera : Qu’as-tu fait de ton frère ? Amen. 


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