Le discours de l'archevêque de Strasbourg Mgr Jean-Pierre Grallet
REMISE DES PALMES ACADEMIQUES A M. PATRICK WOLFF
Mont Sainte Odile le 14 mars 2014
Cher Patrick Wolff,
Vous tous les membres de sa famille et ses amis,
Mesdames et Messieurs,
Mesdames et Messieurs,
Voici que la République a décidé de reconnaître les mérites de l’un des siens en lui conférant la dignité des Palmes Académiques, au titre des services éminents qu’il a rendus à l’Education Nationale.
Il se trouve que le récipiendaire exerce la responsabilité de Directeur diocésain de l’Enseignement catholique, ce qui en fait un collaborateur éminent de l’archevêque de Strasbourg que je suis.
Quant au lieu choisi pour cette remise, il s’agit du Mont Sainte-Odile, plus important pèlerinage catholique d’Alsace, placé sous ma responsabilité, et c’est la raison pour laquelle je prends la parole en premier pour vous accueillir tous et remercier l’Etat qui, d’une certaine manière en honorant le Directeur diocésain, salue la collaboration de l’ensemble de l’Enseignement catholique d’Alsace à la mission de l’Education Nationale. Telle est en effet la philosophie de ce contrat qui associe des établissements par nature privés à un service public. De plus, ces établissements sont confessionnels et relèvent par conséquent directement du diocèse.
Quels ont été les mérites de Patrick Wolf dans le monde de l’enseignement ?
D’abord, et c’est une banalité de le dire : il a été, comme chacun d’entre nous, un élève, effectuant une part notable de sa scolarité au sein de l’Enseignement Catholique, plus précisément au séminaire des Jeunes de Walbourg. Cela relève de l’évidence, mais je voudrais souligner la singularité du métier d’enseignant que nul ne saurait exercer sans avoir précédemment été enseigné par d’autres. En règle générale, le choix du métier d’enseignant est donc dicté par les bons souvenirs laissés par ses propres enseignants, avec une certaine envie de les imiter, de prendre leur relais. Je ne doute pas qu’il y ait eu quelque chose de cet ordre dans votre vocation d’enseignant. J’en déduis que les palmes que vous recevez couronnent aussi, d’une certaine manière, ceux qui ont été vos maîtres.
Vous avez été, ensuite, pendant plusieurs années, un enseignant. Vous voici, en 1985, professeur d’allemand au séminaire de Walbourg. Permettez-moi d’affirmer ici ma conviction inébranlable sur la noblesse de ce métier, souvent aujourd’hui injustement décrié ou méprisé. Il fut un temps où les partisans les plus résolus de la laïcité partageaient avec les religieux la même vénération pour le métier de l’enseignement et chacun, de son côté et avec une petite pointe de rivalité, veillait scrupuleusement à donner la formation la meilleure à ses maîtres, à l’Ecole Normale d’un côté et dans les séminaires de l’autre. Alors que les relations sont aujourd’hui apaisées entre la République et l’Eglise, comme elles le sont depuis longtemps en terre concordataire, puisse une telle conviction de la noblesse du métier d’enseignant habiter encore les uns et les autres.
Enseignant au séminaire de Walbourg, vous étiez aussi un éducateur, car cet établissement original, abritant un grand internat, a toujours favorisé l’implication des enseignants dans des tâches éducatives en marge des horaires scolaires, notamment sportives. Pour vous, ce fut la musique, avec la direction de la splendide manécanterie que le chanoine Gérard Auer vous a laissée en héritage.
Vous avez succédé encore autrement au chanoine Auer en devenant directeur du séminaire des Jeunes en 1995, après deux ans à la tête du collège des missions de Blotzheim. A Walbourg, vous étiez le premier directeur laïc, un véritable défi pour cet établissement qui est toujours juridiquement dépendant du Bureau d’Administration des Séminaires et soumis, comme tel, aux règles de « l’enseignement ecclésiastique ». Ce n’est pas pour autant que cet établissement perdrait son âme, comme le prouvait la prière avant le repas prononcée par le directeur, en présence de l’aumônier prêtre qui fut longtemps le futur Mgr Dollmann, avant le repas des enseignants.
Je souligne ici combien il est heureux qu’un directeur d’établissement ait été, auparavant, élève et enseignant, car il lui faut diriger les uns et les autres, ce qui mobilise à coup sûr sa propre expérience de ses situations qui ont été d’abord les siennes.
Et vous voilà devenu directeur diocésain de l’Enseignement catholique en 2005, succédant à Jean-Robert Kohler, premier laïc à l’avoir exercé. Tâche ô combien décisive, mais si souvent délicate. Le directeur diocésain doit animer, susciter, encourager, apaiser, tantôt accélérer et tantôt freiner. Dans un contexte où les moyens horaires et financiers ne sont pas toujours au rendez-vous, il doit aussi arbitrer et éviter les conflits. Il est en lien avec un bon nombre de tutelles, et autant de présidents de gestion et de directeurs que d’établissements. A sa manière, il est un peu le « pasteur » d’un troupeau très dynamique, mais pas toujours très docile, et il doit sa légitimité autant à la compétence qu’il développe qu’au titre qu’il porte. Cher Patrick Wolff, laissez-moi vous dire que vous réussissez bien dans cette mission ! Là encore, le fait d’avoir été précédemment directeur avec les autres directeurs constitue un atout important.
Une preuve de votre succès est la responsabilité que vous ont confiée les autres directeurs diocésains de France en vous portant à la tête de leur coordination en 2012. Il me semble inutile de préciser que cette désignation constitue une preuve de votre belle intégration et de votre réelle efficacité. Vous avez donc ajouté une dimension nationale à votre activité régionale et diocésaine.
Je pense que votre chère épouse et vos trois enfants, car vous êtes aussi un père de famille, sont aujourd’hui fiers de vous, comme peut légitimement l’être notre diocèse.
Merci à la République de reconnaître les mérites de l’un des siens qui est aussi l’un des nôtres. A travers vous, c’est la notion d’association à l’Education nationale, qui vous est chère, qui se trouve en quelque sorte couronnée : une association franche et généreuse à l’œuvre éducative de l’Etat, dans le respect des différences légitimes de la proposition catholique.
+ Jean-Pierre GRALLET
Archevêque de Strasbourg
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