mercredi 6 mai 2020

Confinement... un autre regard (8)

Le présent !

Chaque jour les médias nous donnent des nouvelles sur nos lendemains incertains, et quotidiennement, ces dernières viennent infléchir ou contredire les vérités de la veille. En ce temps, je souhaite vous partager un texte de Anne Dauphine Julliand, écrivain, qu'elle a publié ce mois-ci dans la revue Panorama. Elle nous invite à garder le silence, et à nous occuper de notre présent. "Le seul temps qui importe à l’homme c’est le présent." nous partage-t-elle. Découvrez son article...

Juste le silence 

Les délais de publication d’un mensuel m’obligent à écrire cette chronique à l’aveugle. Je ne sais pas quelle sera la situation en France, et dans le monde lorsque ce numéro paraîtra. Plusieurs semaines se seront écoulées. Que se sera-t-il passé dans ce laps de temps ? Aura-t-on éradiqué l’épidémie liée au coronavirus ou sévira-t-elle plus fort encore, nous obligeant à tenir à l’écart de ce monde ? je ne sais pas. Et je n’ai aucun moyen de le savoir. J’écris de chez moi, comme toujours. Par la fenêtre ouverte me parvient le chant guilleret des oiseaux qui annoncent le printemps. Aucun bruit ne vient le troubler. Ni les cris des enfants  de retour de l’école, ni les klaxons des voitures agglutinées aux heures de pointes, ni les conversation bruyantes des passants. Rien. 
Juste le silence. Ce silence que l’on espère si souvent mais que l’on redoute aujourd’hui. Parce qu’il dit l’inédit de ce que l’on vit. Cette injonction, à laquelle nous avons obéi, pour nous protéger du virus et pour protéger les plus âgés, les plus fragiles, les plus vulnérables. 
Nous avons obéi sans savoir combien de temps durerai cette retraite. Les information se contredisent sans cesse. Certains experts évoquent l’apocalypse d’autres restent optimistes. Et le monde tremble. Comme s’il découvrait tout à coup que demain est inconnu et incertain. Que notre vie notre confort, nos habitudes, nos certitudes sont fragiles. Qu’il suffit d’un virus microscopique pour les mettre en péril. Et transformer notre rapport au temps.

 "Le seul temps qui importe à l’homme c’est le présent."

« Nul ne connaît ni le jour ni l’heure » martèle Saint Matthieu depuis des millénaires. Demain de nous appartient pas. Il n’est jamais certain, même si les eaux de la vie paraissent paisibles. La tempête, nous l’avons vu, se lève en un instant. Le seul temps qui importe à l’homme, c’est le présent. La vie, c’est l’instant présent. Dans la tranquillité de l’existence, concentrons-nous sur ce présent, pour le vivre pleinement, simplement et saintement. Et tout à coup, il n’importe plus de connaître demain. Ou de savoir où sera le monde quand ces lignes paraîtront.

Anne Dauphine Julliand
Revue Panorama – mai 2020




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