vendredi 4 octobre 2013

Témoins

Rencontre avec Pierre Favre 

Pierre impressionne par sa tendresse


    Plus un cheveu sur la tête, une longue barbe, et un visage interpellant par son sourire et ses nombreux tatouages, Pierre Favre n’a pas laissé les élèves du séminaire de jeunes indifférents. 

    Son témoignage a démontré l’ambivalence qui peut se trouver dans l’être humain. Chanteur chez les Garçons bouchers, sa vie, même si elle a connu des heures de gloire n’a pas toujours été facile. Quand il était enfant, la naissance d’un petit frère a poussé sa famille à déménager et à rejoindre les tours lyonnaises. Il n’a pas aimé quitter le quartier de son enfance. Il ne le disait à personne, le ruminait dans sa tête et se faisait du mal. « Les enfants, quand vous vivez mal des évènements, ne les gardez pas pour vous, mais partagez les à une personne de confiance, parents, professeurs, prêtre. Ainsi, ils seront plus supportables et ne vous détruiront pas de l’intérieur. » Disait-il au élèves des petites classes.

    Quand il était chanteur du groupe de rock, son surnom était « ça pu ». Il n’avait pas une haute estime de soi. « Dieu, si tu existes, j’aimerai vivre une belle histoire d’amour !» Peu de temps après, il rencontre Géraldine, une fille de 17 ans, et ils tombent amoureux l’un de l’autre. Suite à un accident, elle se fait opérer du genou, au même moment, on découvre qu’elle est enceinte, mais le fœtus n’a pas résisté aux traitements infligés pour les soins. On lui découvre également le Sida. Pierre passe les tests et se manifeste séropositif également. « Pour conjurer le sort, nous avons décidé de nous marier ! » annonce-t-il aux élèves de troisième et lycéens. Malgré cela, la maladie fait son chemin chez Géraldine. Bientôt il devra accepter de faire interner Géraldine pour la soigner, car le sida opère chez elle un dérèglement psychiatrique, une forme de mélancolie, de dépression grave. « Sa maladie nous a mis en route vers des Hommes qui vivaient différentes détresses : solitude de l’homosexualité, maladie… » Tous les jours, il visitait sa Géraldine en psychiatrie où elle a passé quelques mois. « Je demandais à Dieu de me donner les qualités nécessaires pour accompagner Géraldine dans ce qu’elle vivait. Je suis resté fidèle, à son écoute et proche, car le mariage, c’est aussi être présent à l’autre quant il ne va pas bien. Nos 15 ans de vie commune, nous les avons passés à courir les hôpitaux. »



    Géraldine est décédée à l’âge de 32 ans. « Ce soir là, je n’arrivais pas à m’endormir dans mon lit vide. J’ai pris dans ma table de nuit un livre qui traînait et dont je ne me souvenais plus. Il y avait un texte de Saint Thomas d’Aquin. J’ai lu et les paroles ont pris du sens comme jamais. Dieu me révélait sa présence. Avec ces paroles qui raisonnaient, le Christ m’a permis une profonde rencontre avec Lui.» Inconsciemment, avec Géraldine, l’a appris à se mettre au service de l’autre. Heureux de cette belle histoire d’amour avec Géraldine, loin des années rock, Pierre est aujourd’hui  adjoint de l’aumônier au Secours Catholique dans le Sud de la France. 
« Quand les gens ne veulent pas s’en sortir, qu’il y a des échecs, il faut être présent auprès d’eux. Au Secours Catholique, on a la prière et la foi pour nous permettre de nous remettre en question. Nous ne nous laissons pas abattre par les échecs, mais nous gardons l’espérance en nous remettant au  Christ. »

    Tout le monde aura compris que si nous acceptons les différences entre nous, si nous sommes attentif à la détresse ou à la joie de l’autre, nous apprendrons à bien vivre ensemble.

Quelques citations: 
    « Notre corps est notre véhicule de pèlerin sur la terre.  Vous jeunes, prenez en soin. »

    Ses tatouages sont tout un message d’ouverture. En hébreu on peut lire « écoute », en grecque un titre donné à la vierge : « mère silence », en arabe, ce à quoi nous aspirons : « repos ». Dans sa vie, il a toujours accepté ce qui lui faisait peur. C’est ainsi qu’il a grandi avec une sorte de lâcher prise, comblée par la présence de Dieu. 

    « Parents soyez très à l’écoute de vos enfants, ils ont souvent du mal à parler. »

    Avez-vous eu des moments de doute ? « Quant on est au service du frère, on n’a pas le temps du doute. Parfois on est déçu quand les choses n’avancent pas comme on voudrait. C’est tout. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire